Êtes-vous dans l’obligation de soutenir une ou un proche?
Bien sûr, vous souhaitez être là pour vos proches. Mais aborder les difficultés financières d’un parent ou encore d’une amie ou un ami, ça peut vous mettre dans une situation délicate. Surtout si vos moyens financiers sont un peu plus limités.
L’important ici est de se rappeler qu’il existe plusieurs façons d’aider une personne proche financièrement, toujours en fonction de son budget.
D’abord, voyons ce que dit la loi à ce sujet.
Solidarité familiale : que dit la loi?
Dans le Code civil du Québec, on retrouve la notion de solidarité familiale. Des notions semblables sont également en vigueur dans le reste du pays. En résumé, elles indiquent que vous pourriez avoir l’obligation d’aider un membre de la famille considéré comme parent au premier degré, comme votre père, votre mère ou vos enfants. On parle ici de besoins de base comme de la nourriture, un logement, des vêtements, des soins médicaux, etc. Théoriquement, vous pourriez avoir l’obligation légale d’aider un parent.
Mais dans les faits, il est rare qu’un parent se présente devant une ou un juge pour exiger du soutien de la part de ses proches. Car de façon générale, les enfants aident spontanément leurs parents en difficulté dans la mesure de leurs moyens, sans qu’il soit nécessaire de recourir aux tribunaux.
La plupart tentent donc de soutenir leurs êtres chers au mieux de leurs capacités financières et psychologiques. Car au-delà de l’obligation légale, pour plusieurs, ça reste la bonne chose à faire.
Dans quel cas auriez-vous à soutenir une ou un proche?
Les scénarios sont multiples et couvrent des réalités différentes en matière de durée et de responsabilité financière. Il peut s’agir par exemple d’un parent qui a besoin de soins médicaux, d’un parent à la retraite dont les moyens financiers ne lui permettent pas de combler ses besoins, ou encore d’un enfant qui a besoin d’un coup de pouce financier pour démarrer son entreprise. Chaque cas présente des défis qui lui sont propres. En voici un aperçu.
Des parents retraités ou vieillissants
Ils ont fait de leur mieux, mais certains parents ont parfois mal planifié leur retraite par manque de moyens financiers ou de connaissances. Dans certains cas, même s’ils pensaient avoir tout prévu, les fluctuations économiques, l’inflation ou des dépenses imprévues peuvent aussi les placer dans une position précaire sur le plan financier. Enfin, un parent peut aussi se retrouver en perte d’autonomie en raison de son état de santé et nécessiter des soins médicaux.
Une ou un proche gravement malade ou en invalidité
La maladie n’épargne malheureusement personne. Il se peut qu’une personne proche reçoive un diagnostic de cancer et que sa maladie ne lui permette plus de travailler. Elle se retrouverait alors invalide, pour une période indéterminée, avec une baisse de revenus marquée si son régime d’assurance collective ne couvre que partiellement son salaire.
Une ou un proche atteint d’un trouble de santé mentale
Vous pourriez aussi avoir un parent ou bien une amie ou un ami atteint d’un trouble de santé mentale qui n’est plus apte à travailler. Bien que cette personne reçoive des prestations, elle pourrait avoir du mal à boucler ses fins de mois et à payer ses dépenses de base.
Des enfants qui ont besoin d’un coup de pouce
Heureusement, il n’y a pas que des scénarios négatifs. Vos enfants pourraient aussi avoir besoin d’une aide financière pour acheter leur première maison ou une voiture. Ou encore d’autres voudront se lancer en affaires et chercheront du soutien financier pour réaliser leur projet.
Comment aider financièrement une personne à charge?
Entre aider son enfant à acheter une première propriété et soutenir financièrement un parent vieillissant, l’éventail de situations possibles est très varié. Voici quelques scénarios possibles :
Verser un montant une seule fois
Pour aider votre enfant à acheter une première propriété ou à démarrer une entreprise, vous pourriez choisir de verser un gros montant qu’une seule fois. Si cette avenue vous intéresse, discutez de vos options et des lois fiscales avec des spécialistes. Il y a certains avantages à faire ce que l’on appelle une « donation de son vivant ».
Payer les frais de subsistance en totalité
Si vous devez soutenir en totalité un parent vieillissant ou en perte d’autonomie, voici les frais que vous pourriez avoir à débourser :
- hébergement spécialisé, résidence pour aînés, CHSLD ou loyer pour logement locatif
- nourriture, vêtements, loisirs
- médicaments non couverts par les régimes provinciaux d’assurance-maladie
- soins médicaux ou aide à domicile
- transport spécialisé
Verser un montant mensuel fixe
S’il n’est pas nécessaire de prendre en charge la totalité des frais de votre proche, vous pourriez lui verser un montant mensuel fixe pour l’aider à payer certaines dépenses. Par exemple, quelques centaines de dollars par mois pour qu’elle ou il puisse s’offrir une place dans une résidence pour aînés ou pour payer des soins de santé.
Engager une aide à domicile
Si votre proche ne se qualifie pas pour obtenir une subvention d’aide à domicile, vous pourriez débourser vous-même les montants afin qu’il puisse recevoir les services d’une aide spécialisée (infirmière ou infirmer, préposée ou préposé, entretien ménager, etc.).
Comment bien vous préparer pour l’avenir?
Il n’est pas facile de prévoir l’impact potentiel de ce soutien financier sur vos finances personnelles. C’est pourquoi il est essentiel de commencer par calculer la limite du soutien que vous pourriez apporter sans que cela fragilise votre propre sécurité financière.
Voici comment vous y prendre pour l’évaluer.
Analysez votre situation personnelle et familiale
La première chose à faire est de commencer par identifier les proches qui pourraient éventuellement avoir besoin de votre soutien financier. Y a-t-il parmi vos proches une personne qui montre des signes de déclin de sa santé cognitive? Cette personne développe-t-elle des problèmes de motricité? Autant de signes précurseurs à prendre en compte. Ensuite, tentez d’évaluer à quel moment de sa vie elle pourrait éventuellement avoir besoin de votre aide. Cela vous permettra de mieux fixer l’horizon à partir duquel vous devrez intervenir.
Évaluez les besoins financiers
Évaluer les besoins financiers consiste d’abord à calculer les sommes dont votre proche pourrait avoir besoin en fonction de divers scénarios. Par exemple, renseignez-vous sur les prix moyens d’une place dans une résidence pour aînés ou un CHSLD, les frais relatifs à une aide à domicile, le budget nécessaire si vous deviez prendre tous ses frais à votre charge, les coûts de l’équipement médical spécialisé potentiellement nécessaire, etc.
Évaluez également pendant combien de temps vous pourriez devoir verser cette contribution, et s’il s’agirait d’une situation temporaire ou permanente. Avec ces informations en main, vous aurez déjà un bon aperçu de la situation et des sommes nécessaires.
Analysez votre situation financière
Demandez-vous si votre situation budgétaire actuelle et future vous permettrait réellement de soutenir un parent ou ou bien une amie ou un ami proche en difficulté. Les sommes que vous réussissez à épargner aujourd’hui seront-elles suffisantes pour répondre à la fois à vos besoins personnels et à ceux de cette personne? Allez-vous fragiliser votre propre santé financière ou devoir repousser certains de vos projets comme la retraite?
Vous devrez également déterminer si vous serez seule ou seul à pouvoir soutenir cette personne. Est-ce que d’autres membres de la famille ou de l’entourage pourraient également contribuer? Il est temps de planifier une franche discussion familiale à ce sujet.
À cette étape, vous devrez aussi réfléchir à la nature de l’aide à apporter : est-ce un simple prêt ou un don? S’il s’agit d’un prêt, quel sera l’horizon de remboursement? Dans tous les cas, tentez d’évaluer l’impact de l’un ou de l’autre sur vos finances.
Établissez un plan d’action
Une fois que vous aurez réfléchi à ces différents aspects, il faudra alors déterminer le montant qui sera potentiellement retranché de votre budget.
Vous pourrez ensuite choisir le meilleur produit financier pour vous. Par exemple, vous pourriez déposer régulièrement un montant dans un compte épargne, ou encore faire une demande de prêt ou utiliser votre marge de crédit. Soulignons ici qu’une marge de crédit entraîne des intérêts et que vous devrez vous assurer d’être en mesure de la rembourser.
En tant que parent, vous pourriez aussi endosser ou cautionner un prêt de votre enfant pour l’aider à se lancer en affaires ou à obtenir un prêt auto. Le cas échéant, une fiducie familiale pourrait aussi être envisagée.
Rappelez-vous qu’il est essentiel d’avoir une discussion franche et ouverte avec les membres de votre famille pour réfléchir aux différentes possibilités et maintenir une certaine équité dans la prise de responsabilités. Organisez une rencontre familiale pour discuter de la situation puis consultez ensuite votre conseillère ou conseiller de la Banque Nationale.
Quelles sont les ressources et aides financières gouvernementales?
Si vos moyens financiers ne suffisent pas, vous pourriez bénéficier de ressources et d’aides financières gouvernementales.
Soutien financier d’une ou un proche
Dans un premier temps, sachez que votre proche pourrait éventuellement recevoir un certain nombre de prestations gouvernementales, comme les programmes d’aide sociale et de solidarité sociale et les différents programmes et services pour les aînés (aide au logement, remboursement des médicaments, services médicaux et soutien à domicile, popote roulante, etc.).
Il faut toutefois répondre à différents critères. Il est important de bien se renseigner au moment de faire la demande.
Soutien financier pour personnes proches aidantes
Les personnes proches aidantes peuvent aussi obtenir un soutien financier ou certains crédits d’impôt. Petit rappel : une proche aidante ou un proche aidant se définit comme quelqu’un qui prend soin d’une personne vivant une perte d’autonomie.
Parmi ces aides et crédits, on retrouve par exemple le montant canadien pour aidant naturel (lien externe), ainsi que le crédit canadien pour aidant naturel (lien externe). Les prestations pour proche aidant de l’assurance-emploi pourraient aussi couvrir jusqu’à 55 % de votre salaire pour un maximum de 650 $ par semaine, si vous deviez cesser de travailler pour vous occuper d’une personne qui vous est chère. Au Québec, on peut être admissible au crédit d’impôt pour personne aidante et au montant pour autres personnes à charge. Plusieurs autres aides financières ou crédits sont offerts, renseignez-vous pour savoir ce à quoi vous avez droit.
Consultez votre conseillère ou conseiller en services financiers pour bien comprendre l’impact que ces différentes situations pourraient avoir sur vous. Rappelez-vous : en vous préparant adéquatement, vous mettez toutes les chances de votre côté pour soutenir vos proches sans toutefois compromettre votre propre sécurité financière.
Envie d’en discuter avec nous? Contactez votre conseillère ou conseiller Banque Nationale ou en gestion de patrimoine Financière Banque Nationale pour en apprendre davantage. Vous n’avez pas de spécialiste responsable de votre dossier?