Calculez votre salaire comme travailleur autonome

08 avril 2022 par Banque Nationale
Une femme travailleuse autonome calcule son taux horaire.

« Combien chargez-vous? » ou encore « Quels sont vos prix? ». Peu importe les mots employés, c’est la même question qui revient. Alors, comment fait-on le calcul de son salaire en tant que travailleur ou travailleuse autonome? Quel est le bon tarif – le point d’équilibre optimal – pour vous assurer d’obtenir des contrats et générer des profits afin de vous rémunérer? On décortique tout ça.

L’équation qui permet de calculer votre taux horaire en tant que travailleur autonome

(A + B + C) ÷ D = E (taux horaire équitable d’un entrepreneur)

A. Salaire brut (avant charges et impôts) dont vous avez besoin par année
+
B. Marge de profit afin de réinvestir dans votre entreprise
+
C. Frais d’exploitation annuels de votre entreprise
÷
D. Total de vos heures facturables par année
=
E. Taux horaire (vérifiez ensuite si le taux obtenu est cohérent par rapport à vos concurrents et à votre marché)

A. Définissez votre salaire annuel brut

Afin d’obtenir le salaire brut (avant charges et impôts) dont vous avez besoin – le point A de l’équation –, il vous faut :

Une autre façon pour vous aider à fixer votre salaire annuel (et de vérifier qu'il correspond à vos besoins) est de déterminer combien vous gagneriez si vous réalisiez les mêmes tâches en tant que travailleur salarié dans une entreprise. Cependant, gardez en tête qu'en étant travailleur autonome, vous assumez certains risques. Il serait donc juste que vous gagniez un salaire plus élevé à votre compte. Pour que votre salaire reflète bien votre valeur, prenez également en considération vos années d’expérience ainsi que les diplômes que vous avez obtenus.

B. Prévoyez des sommes pour réinvestir ou vous développer

Une partie de votre taux horaire devrait servir à développer vos compétences et à acheter du matériel ou des services pour votre entreprise. Il s’agit du point B de l’équation. Quelques exemples d’investissements potentiels :

  • Créer (ou peaufiner) votre site web
  • Acquérir ou renouveler vos équipements (ordinateur, outils, etc.)
  • Suivre une formation
  • Payer un voyage d’affaires
  • Financer un projet qui vous rapportera de la visibilité
  • Lancer une campagne publicitaire
  • Développer vos affaires

C. Calculez les frais d’exploitation annuels 

Peu importe la forme que prend votre entreprise ou la façon dont vous la qualifiez (travailleur autonome, pigiste, solopreneur, autoentrepreneur, etc.), une portion de votre taux horaire devra servir à supporter les coûts inhérents à l’entrepreneuriat. Il s’agit du point C de la formule

En tant que travailleur autonome, vous devez assumer les frais rattachés à l’employé et à l’employeur. Pour évaluer vos coûts d’entreprise : il faut tenir compte des frais de lancement, des frais d’exploitation, des charges sociales, ainsi que de l’impôt sur le revenu.

Pour en savoir plus, lisez notre article : « Combien mettre de côté en tant que travailleur autonome? »

Les frais de lancement

Si vous êtes sur le point de vous lancer à votre compte, réfléchissez aux sommes que vous aurez à débourser. Selon la forme juridique que vous choisirez pour votre entreprise, les coûts vont varier. Deux exemples :

  • Une compagnie (les « inc. »). Il y a des frais à prévoir lors de plusieurs étapes de l’incorporation, ainsi que des frais annuels afin de maintenir votre compagnie en règle. Il faut aussi allouer davantage de ressources à la comptabilité de votre entreprise pour produire les états financiers et la déclaration de revenus propre à la société
  • Entreprise individuelle (à votre nom). Les frais pour constituer ce type d’entreprise sont moins élevés et – hormis votre propre déclaration de revenus – vous n’aurez pas à produire de déclaration propre à l’entreprise. Sachez toutefois qu’au Québec, contrairement aux autres provinces et territoires, vous devez produire deux déclarations de revenus : une fédérale et une provinciale.

Les frais courants

La variable C de l’équation pour calculer votre salaire comme travailleur autonome doit aussi tenir compte des frais qui vous permettent de travailler. Parmi les frais associés à votre entreprise, pensez à :

  • La téléphonie
  • Internet
  • Les déplacements (essence, voiture, taxis, etc.)
  • Les assurances
  • Le loyer ou l’hypothèque pour votre espace de travail (s’il y a lieu)
  • Les matières premières (exemple : de la peinture pour un peintre)
  • Le mobilier

Les charges sociales

Le calcul de votre salaire comme travailleur autonome doit aussi prendre en considération la valeur des avantages sociaux que vous obtiendriez si vous étiez salarié (exemple : vos assurances dentaires). Comme travailleur autonome, ces frais vous incombent à 100 %. 

D’autres coûts sont aussi à prévoir et concernent spécifiquement les travailleurs autonomes. Par exemple, un salarié et son employeur assument normalement chacun la moitié des contributions requises au Régime de pensions du Canada ou au Régime de rentes du Québec (dans cette province). 

Dans le cas d’un travailleur autonome – puisqu’il est l’employé et l’employeur – il devra assumer l’entièreté de ces contributions. En contrepartie, les cotisations à l’assurance-emploi ne sont pas obligatoires, bien qu’elles soient permises afin de profiter des prestations pour travailleurs autonomes (site externe).

Vous pourriez avoir d’autres charges à inclure au point C du calcul de votre salaire comme travailleur autonome. Vous avez besoin de recruter des employés? Vous aurez à payer des charges sociales. 

L’impôt sur le revenu des travailleurs autonomes

La fiscalité est plus complexe pour les pigistes que pour les salariés. Les sommes que vous devrez acquitter dépendent de la situation de votre entreprise et de votre province de résidence. Dans le doute, n’hésitez pas à demander conseil à un comptable ou fiscaliste. 

Pour bien vous préparer et vous conformer aux exigences du fisc, lisez notre article : « Travailleur autonome : comment faire vos impôts? ».

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D. Évaluez vos heures facturables afin de calculer votre salaire comme travailleur autonome

  • Une fois que vous avez trouvé et additionné les variables A, B et C, il vous faut diviser le tout par le total de vos heures facturables par année (la variable D). Sachez d’abord que « facturables » ne veut pas dire « travaillées ».

Par exemple, n’est pas considéré « heures facturables » le temps consacré à : 

  • Développer les affaires
  • Faire de la comptabilité 
  • Parfaire vos connaissances

Ainsi, pour arriver à trouver votre total, calculez le nombre d’heures travaillées par semaine (généralement entre 35 h et 40 h), puis déduisez les heures qui ne sont pas facturables. 

Vacances et jours fériés

Nombre d’entrepreneurs évitent de prendre des vacances, surtout lorsque leurs projets sont naissants. Quelques semaines de vacances annuelles ne sont pourtant pas un luxe, ne serait-ce que pour recharger ses batteries. Aux vacances que vous prendrez, ajoutez les jours fériés et quelques journées en cas de maladie. Comme il y a 52 semaines dans l’année, soustrayez les semaines et jours qui ne seront pas travaillés.

Périodes d’inactivité

Songez également à intégrer la nature de votre travail dans le calcul de votre salaire comme travailleur autonome. Exemple : plus vos mandats sont de courtes durées, plus il est possible que vous ayez des moments d’inactivité entre vos contrats. Si c’est votre cas : essayez autant que possible de soustraire ces périodes aux 52 semaines dans l’année.

Multipliez le nombre de semaines travaillées dans l’année par le nombre d’heures facturables hebdomadaires. Bingo : vous connaissez maintenant la variable D de l’équation afin de calculer votre salaire comme travailleur autonome.


 

Exemple de calcul de salaire comme travailleur autonome

1. Considérant : 

  • Le salaire brut dont vous avez besoin (A)
  • La marge de profit nécessaire pour réinvestir dans votre entreprise (B)
  • Les frais d’exploitation avec les charges sociales et les impôts (C)

Vous arrivez à la conclusion que vos revenus annuels doivent se chiffrer à 110 000 $.

2. Ensuite, aux 40 heures que vous travaillez par semaine, vous déduisez 5 heures qui ne sont pas facturables. Vous êtes donc rendu à 35 heures facturables. Pour pallier des baisses de productivité, vous pouvez même arrondir à 30 heures par semaine.

3. Puis, comme il y a 52 semaines dans une année, vous déduisez : 

  • 6 semaines de vacances et de congés
  • 4 semaines (20 jours ouvrables) pour des périodes d’inactivité

Vous obtenez alors 42 semaines. 

4. Vous multipliez ces 42 semaines travaillées par 30 heures facturables hebdomadaires, et vous obtenez 1 260 heures par année. 

5. Vous divisez vos revenus annuels souhaités (110 000 $) par le nombre d’heures facturables par année (1 260 heures). 

6. Vous obtenez un tarif horaire de 87,30 $


E. Comparez le résultat du calcul de salaire comme travailleur autonome au reste du marché

Avant de partir à la chasse aux contrats et de proposer vos services, mieux vaut vous demander si le taux horaire obtenu précédemment est réaliste par rapport à votre :

  • Marché
  • Expérience
  • Compétence
  • Concurrence 

Combien vos compétiteurs facturent-ils à leurs clients? Si votre taux horaire est nettement plus élevé que la concurrence – et s’éloigne donc du contexte de l’offre et de la demande – tentez de revoir certains éléments de l’équation. Vous pourriez notamment envisager de couper dans les dépenses de l’entreprise, réduire votre train de vie ou encore augmenter le nombre d’heures travaillées.

Il est fort possible qu’au départ, vous ayez de la difficulté à connaître le taux horaire de vos concurrents. Pour y parvenir, vous pouvez interroger vos connaissances qui œuvrent dans le même domaine que vous ou poser la question sur des groupes, communautés et forums de pigistes en ligne. 

La bonne nouvelle, c’est que vous n’êtes pas la seule personne à faire ces démarches afin de calculer votre salaire comme travailleur autonome. Les réponses existent. Pour toutes vos questions et vos besoins d’affaires, on est là.

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