Pourquoi devriez-vous avoir une stratégie de décaissement pour votre retraite?
Avec l’espérance de vie qui augmente, les retraites s’allongent également. C’est l’une des raisons, comme l’inflation, qui devraient vous pousser à mettre en place une bonne stratégie de décaissement pour profiter pleinement de votre retraite.
Pour votre paix d’esprit, vous devriez aussi contacter votre conseiller pour avoir une discussion sur votre stratégie, faire les meilleurs calculs, et vous assurer que vous êtes toujours sur la bonne voie avec votre épargne et vos placements.
« Une stratégie de décaissement de vos actifs présente l’avantage certain de vous procurer une paix d’esprit quant à l’utilisation de vos actifs, mais surtout par rapport à l’érosion de vos revenus à la retraite » affirme Mohamed Wakkak, planificateur financier et conseiller senior à la Banque Nationale. Il faut éviter de piger chaque mois dans vos économies sans prendre en compte les règles et lois fiscales. Assurez-vous de profiter au maximum de votre épargne et de vos placements. »
Qu’est-ce qui peut être décaissé?
Selon votre situation financière et vos conditions de travail, vous pourriez vous retrouver avec une très longue liste de véhicules d’épargne à décaisser une fois à la retraite :
- Compte épargne non enregistré
- Compte d’épargne libre d’impôt (CELI)
- Régime enregistré d’épargne-retraite (REER)
- REER immobilisé
- Régime de participation différée aux bénéfices (RPDB)
- Compte de retraite immobilisé (CRI)
- Tout cela s’ajoute également au régime de votre employeur, au Régime des rentes (au Québec), à la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV), etc.
De plus, si vous êtes propriétaire d’au moins 10% d’une entreprise, par exemple, vous pourriez avoir avantage à posséder un régime de retraite individuel (RRI) pour augmenter vos droits de cotisation.
Que devriez-vous retirer en premier?
Rappelez-vous que chaque situation est unique, il y a donc souvent des exceptions. De là l’importance d’en discuter le plus tôt possible avec votre conseiller.
« Une croyance répandue veut que dans le décaissement de ses placements, on commence par tout ce qui est non enregistré, puis le CELI, et ensuite, ne démarrer la conversion du REER en FERR qu’à l’âge limite permis, dans le but de le laisser à l’abri de l’impôt et d’avoir moins de revenus imposables », explique M. Wakkak. Mais cette règle ne s’applique pas à tous sans avoir fait une bonne analyse des sources de revenus à la retraite. Parfois, il est préférable de niveler dans le temps la réception des sommes de son FERR ou FRV afin de ne pas créer une arrivée soudaine, à 71 ans par exemple, d’un revenu important qui aurait comme impact de vous faire passer d’un palier d’imposition à un autre.
« N’oubliez pas qu’il n’y a jamais deux scénarios identiques. Dans certains cas, avec les mesures gouvernementales qui bonifient les prestations provinciales et fédérales si on les reporte à plus tard, il vaut parfois mieux décaisser ses REER en premier. Le début des prestations de la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV), et du Régime de rentes du Québec (RRQ), peut être reporté jusqu’à l’âge de 70 ans, ce qui permet des prestations majorées de 36 % et de 42 %, respectivement », souligne M. Wakkak.
Faut-il revoir sa stratégie de décaissement si vos investissements ont diminué?
« En principe, non », répond notre planificateur financier. Si vous êtes à la retraite et que vous avez fait faire votre stratégie de décaissement par un conseiller, celle-ci devrait normalement tenir compte d’éventuelles fluctuations du marché. Il est cependant bon de le faire quand des changements importants surviennent, en lien avec la fiscalité par exemple, afin de voir si ces derniers ont des impacts sur la stratégie existante. »
D’un autre côté, si vous n’avez toujours pas de plan de décaissement pour votre retraite et que les fluctuations du marché vous inquiètent, c’est peut-être le moment idéal pour passer à l’action et rencontrer un conseiller pour bâtir votre stratégie. Selon Mohamed Wakkak, il n’est jamais trop tard pour bâtir un plan solide.
« Une fois votre plan de décaissement en place, prenez l’habitude de rencontrer votre conseiller une fois l’an pour vérifier si votre stratégie tient encore la route ou pour l’informer de changements importants en ce qui a trait à votre situation financière », ajoute-t-il.
Quand faut-il convertir son REER en FERR, et pourquoi?
Avant de répondre à cette question, rappelons que le FERR (Fonds enregistré de revenus de retraite) a pour but de transformer votre épargne retraite en revenus. Vous devez transférer votre REER dans un FERR au plus tard le 31 décembre de l’année où vous fêterez vos 71 ans.
À partir de ce moment, vous serez dans l’obligation de retirer chaque année un pourcentage minimum de votre épargne placée dans votre FERR.
Ces retraits seront imposables et considérés comme un revenu. Vous devrez donc payer de l’impôt. « Mais attention, comme vos revenus, une fois à la retraite, devraient être moins importants, votre taux d’imposition devrait aussi être moins élevé… d’où l’importance de bien faire votre analyse des sources de revenus à la retraite », nuance Mohamed Wakkak.
« Il y a deux seuils de revenu annuel auxquels il faut être particulièrement attentif lors du décaissement de vos REER ou FERR. D’abord, dès que vous décaissez plus que 24 624 $, vous pourriez perdre le supplément de revenu garanti (SRG) en tout ou en partie. Puis, au-dessus d’environ 79 054 $, vous pourriez commencer à perdre une partie de la PSV (pension de la sécurité de la vieillesse), pour la perdre complètement quand vos revenus dépassent 128 149 $ »
Sachez aussi que vous pouvez ouvrir un FERR à n’importe quel âge. Par exemple, un FERR pourrait s’avérer pratique pour une personne qui désire prendre sa retraite à 55 ans. Encore là, il est préférable de discuter de ses objectifs de retraite avec un expert afin de trouver le bon moment pour transférer ses REER dans un FERR.
Il est aussi possible de fractionner votre revenu avec votre conjoint. C’est une option qui pourrait réduire l’impôt à payer. Plusieurs autres stratégies peuvent être adoptées.
Quelles sont les questions à se poser et que faut-il apporter comme documents?
Avant de rencontrer votre conseiller, il sera essentiel de vous préparer. Outre les papiers importants : déclaration de revenus, avis de cotisation, états sur vos placements, fonds de pension; vous devrez avoir pris le temps de réfléchir à votre retraite.
Quel sera votre coût de la vie une fois à la retraite? Vos dépenses mensuelles? Le revenu minimum par année qu’il vous faudra? Voulez-vous acheter une tente-roulotte? Devrez-vous refaire la toiture de la maison dans dix ans? Changer la voiture dans 5 ans? Si vous tombez malade, serez-vous capable de payer des soins à domicile?
« Plus les gens nous donnent d’informations sur leur objectif et leurs projets, plus leur plan de décaissement sera précis et ils pourront profiter pleinement de leur retraite », conclut Mohamed Wakkak. Pour toutes vos questions, notamment sur votre stratégie personnalisée de décaissement, nous sommes là.