1. Demander conseil dès le début
Selon Normand D’Arcy, directeur principal, Services Internationaux à la Banque Nationale, certaines entreprises attendent trop avant d’inclure leur institution financière dans le processus d’importation. « Dès qu’il a une idée ou qu’il voit que des composantes internationales feront partie de sa chaîne d’approvisionnement, un entrepreneur devrait faire appel à sa banque le plus rapidement possible. »
« Il y a beaucoup d’incertitude en importation. Il y a des conflits et des tensions commerciales entre les pays. Il y a des barrières tarifaires qui commencent à pousser un peu partout. Mais en étant accompagnés par des experts-conseils, les entrepreneurs peuvent plus facilement faire face à la complexité croissante des transactions à l’international », avoue-t-il.
L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) recommande d’ailleurs d’obtenir le plus de renseignements possibles sur les marchandises qui seront importées. Il sera important d’avoir ces renseignements lorsque viendra le temps d’établir le classement tarifaire des biens à importer. L’importateur obtiendra ensuite un numéro de classement tarifaire qui servira à établir le taux de droit de douane applicable à ses marchandises.
2. Analyser son contrat
Effectuer une analyse complète et détaillée de son contrat d’importation est l’une des premières choses à considérer, croit Normand D’Arcy. « Il faut comprendre quelle est la méthode de paiement qui sera privilégiée, dit-il. Souvent, les entreprises doivent payer leur fournisseur par lettre de crédit. C’est l’instrument de paiement qui est favorisé en Chine et en Asie, où se trouvent les principales sources d’approvisionnement. C’est un instrument que les entreprises canadiennes connaissent peu. »
Il faut également établir la devise avec laquelle le fournisseur sera payé. « C’est rarement en dollar canadien, poursuit-il. Il faut donc se protéger en gérant les risques de fluctuation de devises. Les instruments de paiement seront modulés selon les besoins du client et selon la nature de ce qui est importé. »
Si une entreprise compte importer des marchandises sur une base régulière, qu’elle prévoit s’approvisionner dans plusieurs pays ou bien encore que son volume de transactions sera variable, peut-être serait-elle avisée de recourir aux services d’un courtier en douane agréé. Ce dernier s’occupera notamment du dédouanement des marchandises importées; de payer les droits exigibles; d’obtenir, préparer et transmettre les documents ou données nécessaires et de répondre aux préoccupations de l’ASFC.
3. S’informer sur son partenaire
« S’assurer de la fiabilité de son ou de ses fournisseurs est un autre facteur déterminant dans un processus d’importation », ajoute le spécialiste en commerce international.
« Il y a énormément de fournisseurs qui naissent et qui disparaissent très rapidement. Comme les fournisseurs sont souvent à l’autre bout de la planète, il faut s’assurer de bien les connaître, de prendre des références sur eux. Les bons fournisseurs n’ont aucune objection à fournir la liste de leurs clients à qui il est possible de poser des questions. Les organismes fédéraux et provinciaux – Export Québec et l’ASFC, entre autres, offrent des services à cet égard. »
4. Se protéger
Selon Normand D’Arcy, bien des entreprises vont payer leur fournisseur avant de s’assurer de la qualité du produit ou service reçu. « Je dis aux clients : avant de payer, assurez-vous d’avoir un strict minimum de qualité. Souvent, dans les premières transactions, certains clients vont trop vite. L’empressement est grand, surtout quand il y a de belles occasions. En cette époque d’instantanéité où on veut tout faire rapidement, il faut s’assurer d’obtenir ce pourquoi on a payé. »
« Les grandes entreprises ont habituellement développé de bons réflexes de protection, ajoute-t-il. Elles vont demander des garanties, des sécurités, etc. Les petites entreprises, où les gens portent plusieurs chapeaux, tournent parfois les coins ronds, faute de ressources. Pourtant, elles peuvent également se protéger. Est-ce qu’une garantie bancaire peut être intéressante? Si la marchandise ne reflète pas ce qui avait été promis, il est possible d’être remboursé par son fournisseur. Il existe plusieurs mécanismes et outils pour minimiser les risques. Mais ça, il faut le savoir tôt. Si on va trop vite, on est pris dans un carcan transactionnel. »
5. Mesurer l’ampleur de la tâche
« L’ampleur de la tâche ne sera pas la même selon ce qui est importé, rappelle Normand D’Arcy. Il peut y avoir des contrôles ou des permis qui sont exigés par le gouvernement canadien, explique-t-il. Un entrepreneur le moindrement sérieux va travailler avec un courtier en douane à cet égard. Avec tous les filtres, les clients et l’expertise qu’on possède à la Banque, on est en mesure de voir très rapidement s’il y aura des problèmes ou non avec la transaction. »
Certaines marchandises sont plus contraignantes à importer, comme la nourriture. « Il y a des normes de salubrité et parfois des quotas à respecter, des permis à obtenir. Tout ce qui est fait sur mesure, notamment de la machinerie venant d’Allemagne ou d’Italie, également. Dans ce genre de situation, on va aider l’entreprise importatrice à se protéger. Même si importer des biens finis, comme des chaussures, est moins compliqué, on va malgré tout orienter l’importateur afin qu’il embauche une firme indépendante chargée de vérifier la qualité du produit avant qu’il parte par conteneur. »
6. Frapper à plusieurs portes
Selon l’Agence des services frontaliers du Canada, différents types de marchandises sont assujettis aux exigences d’autres ministères et organismes fédéraux et peuvent nécessiter des licences, des certificats ou des inspections.
Bref, plus d’un ministère peut avoir un rôle à jouer selon les exigences et les règlements visant l’importation de certaines marchandises. Il est donc fortement recommandé de communiquer avec tous ceux qui peuvent avoir un rôle à jouer.
« Les échanges commerciaux n’ont plus de frontières, mais l’environnement dans lequel ils sont effectués est de plus en plus complexe et change très rapidement, soutient Normand D’Arcy. Oui, ça va plus vite, mais tout est plus complexe, dit-il. Les entrepreneurs croient qu’avec la technologie et les nombreux outils qui existent, transiger à l’international est plus facile qu’avant. Or, ce n’est pas encore le cas, car il y a de plus en plus de choses à prendre en considération. »
Les processus sont désormais plus rapides qu’avant, mais pas nécessairement plus simples. Il faut donc faire ses devoirs et s’entourer des bonnes personnes. Vos conseillers-experts vous aideront à bien planifier vos transactions internationales et ainsi éviter les pièges qui y sont reliés.